Fabien et Olivier doivent leur goût commun pour l’expression picturale à deux personnes : Philippe C. et Michel G.
Philippe est leur oncle, un être tourmenté mais prévenant, écorché mais généreux, une tutelle artistique dont les travaux en noir et blanc – couleurs extrêmes se déclinant en un millier de nuances – sont aussi structurés que son intériorité est chaotique. Encadreur un temps, peintre autodidacte globe-trotter, il arpente l’Europe sur les traces de Van Gogh, son icône. Son mode de vie anticonformiste, intègre à ce qu’il est profondément, s’affranchit des codes de la morale bien-pensante.
Quant à Michel, autre figure tutélaire pour les deux frères, il leur rend le monde de l’art plus familier : ébéniste d’art pour une grande institution, il séjourne régulièrement en Italie, où la culture exhale par tous les pores de chaque fontaine, sur chaque place. Curieux, ouvert sur le monde, Michel est un épicurien qui sait savourer chaque instant, chaque plaisir, fût-il éphémère. Tout ce qui le nourrit l’élève, et il transmet cette propension à la joie à Olivier et Fabien. S’adonnant à la peinture figurative ou abstraite, et fidèle à sa philosophie d’enrichissement par l’expérimentation, il taquine l’aquarelle, invoque l’huile ou le pastel au gré de son inspiration.
Davantage encore que l’éveil à la sensibilité artistique, Philippe a laissé à ses deux filleuls de cœur un sens aigu de la fidélité à soi-même, sans concession faite au regard d’autrui. Avec Michel, tels des jardiniers méticuleux et confiants, ils ont arrosé patiemment leurs deux protégés par leurs encouragements, leur disponibilité, leur initiation dans la confrontation à ses propres limites et au monde, à sa complexité et ses multiples possibilités.
Fabien et Olivier s’en souviennent à chaque coup de pinceau.